Catherine Viollet Les météores

2019-20

Couronne
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Les météores
Les météores

Il y a quelques mois, Cathe­rine Viol­let a décou­vert Les Météores (1673), un texte de René Descartes inclus dans le Discours de la méthode où l’au­teur livre son analyse sur les méta­mor­phoses de la nature. Un récit inat­tendu de la part de ce grand mathé­ma­ti­cien et philo­sophe qu’il présente comme “une fable du monde”. Un texte très enthou­sias­mant, poétique et lyrique à la fois, en phase avec notre époque habi­tée par les chan­ge­ments clima­tiques. Et il abonde aussi de croquis, de dessins.

La dernière série de l’ar­tiste a pris forme, en partie, autour des Météores, selon l’ac­cep­ta­tion de son auteur : terme qui désigne tous les phéno­mènes aériens sublu­naires. Cathe­rine Viol­let lui a donné ce nom en repre­nant à son compte cette faculté de Descartes de trans­fi­gu­rer, de trans­mettre, de trans­po­ser. L’ar­tiste envi­sage là encore sa pein­ture comme projet, risque, aven­ture, passage. On y retrouve des traces de Supports/Surfaces, plus exac­te­ment de Bernard Pagès dont le travail, dès les années 80, entaille direc­te­ment la couleur. Ou une relec­ture atten­tive d’Ells­worth Kelly qui affir­mait : « Dès le début du 20ème siècle, les artistes se sont inté­res­sés à la frag­men­ta­tion du monde et à la recherche de l’es­sence de la forme et de l’ex­pé­rience. L’un des évène­ments majeurs de l’his­toire de l’art abstrait a été la lutte de l’ar­tiste pour libé­rer la forme de la repré­sen­ta­tion et de la maté­ria­lité : la frag­men­ta­tion, l’im­por­tance de la forme unique ».

La plupart des toiles de la série Météores sont des grands formats qui tendent à l’abs­trac­tion, dans ce mouve­ment récurent à son œuvre : elle s’at­tache à la figure puis s’en détache. Le travail s’ar­ti­cule comme toujours autour de la notion de dé-liai­son. On y retrouve des rémi­nis­cences de sa série Le pas de temps du modèle — à partir des lignes de pertur­ba­tions atmo­sphé­riques dessi­nées scien­ti­fique­ment par les météo­ro­logues — ou encore ses lignes souples modé­li­sées dans l’es­pace à l’aide d’une règle d’ar­chi­tecte.
Certaines œuvres témoignent d’une nouveauté dans la pratique de l’ar­tiste : elle reprend d’an­ciens tableaux et y pose la pein­ture. C’est l’idée de la strate qui devient le soubas­se­ment d’une autre créa­tion et en enri­chit la matière.
D’autres sont recou­vertes en partie d’un frag­ment d’une toile ancienne mono­chrome, donnant à voir une super­po­si­tion d’images consti­tuées de dessins, de pein­ture et des champs colo­rés décou­pés.
D’autres enfin, comme souvent chez Cathe­rine, sont réali­sées sur des toiles enduites de pierre ponce, dont le frot­te­ment répété du pastel et du fusain révèle la matière.
Les dessins au fusain qui donnent forme au tableau, ou encore pique­tés au couteau ou au poinçon sur une surface murale enduite de chaux pour une pièce in-situ, sont calmes et clairs, proches de la recti­tude des dessins japo­nais. Regrou­pés en de multiples points de tailles diffé­rentes, ils deviennent signes insu­laires. Ces éléments qui sont à la fois ordon­nés ou dus au hasard du geste libre grâce à un échange subtil entre la diver­gence et la répé­ti­tion, donnent au nouveau travail de Cathe­rine Viol­let une dyna­mique toute parti­cu­lière. L’es­pace est presque sans profon­deur, le plat, le géomé­trique et le médi­ta­tif dominent. Les œuvres ont toutes une sensua­lité accen­tuée donnant à voir une percep­tion inten­sive qui précède la pensée.

Ses Météores ne se retrouvent, pour­tant, dans aucun champ de la pein­ture contem­po­raine. Viol­let, dans sa pratique, déjoue toute inféo­da­tion. En pour­sui­vant avec les Météores ses recherches sur le geste, le dessin, la matière de la toile, Cathe­rine Viol­let a produit une série de varia­tions combi­nées, non closes, permu­ta­tives, porteuses de sensa­tions, réser­voirs de sensi­bi­li­tés, lieux de trans­po­si­tions. Pourquoi leur impact est il si viscé­ral ? Peut être cette série révèle t-elle l’exis­tence d’un paysage encore inex­ploré par l’ar­tiste au sein de sa réflexion sur la fabri­ca­tion déli­bé­rée d’une œuvre. Ils pointent tous en tout cas vers une face très poétique de l’uni­vers puis­sant de l’ar­tiste.

Françoise Docquiert

Sans titre (Collection MACVAL)

Sans titre (Collection MACVAL)

Huile, pastel sec, fusain sur toile

2019

90 × 116 cm

Mural in situ, Vitry

Mural in situ, Vitry

Piquage sur plâtre, chaux, pigments

2020

360 × 250 cm

Sans titre

Sans titre

Fusain, huile, pastel sec sur toile ponce, assemblage

2020

140 × 185 cm

Sans titre

Sans titre

Huile, pastel sec, fusain sur toile ponce, assemblage

2020

150 × 195 cm

Des vapeurs

Des vapeurs

Huile, pastel sec, fusain sur toile

2020

97 × 130 cm

Sans titre (Collection CNAP)

Sans titre (Collection CNAP)

Huile, pastel, fusain sur toile ponce, assemblage

2020

195 × 130 cm

Des vents

Des vents

Huile, pastel sec, fusain sur toile

2019

130 × 67 cm

Les nues

Les nues

Huile, pastel sec, fusain sur toile

2019

114 × 146 cm

Airy Nothings 1

Airy Nothings 1

Aquarelle sur textile

2019

45 × 65 cm

Airy Nothings 2

Airy Nothings 2

Aquarelle sur textile

2019

46 × 45 cm

Airy Nothings 3

Airy Nothings 3

Aquarelle sur textile

2019

45 × 59 cm

Airy Nothings 4

Airy Nothings 4

Aquarelle sur textile

2019

61 × 47 cm

Airy Nothings 5

Airy Nothings 5

Aquarelle sur textile

2019

45 × 59 cm

Airy Nothings 6

Airy Nothings 6

Aquarelle sur textile

2019

46 × 31 cm

Airy Nothings 7

Airy Nothings 7

Aquarelle sur textile

2019

50 × 40 cm

D'après Descartes

D'après Descartes

Graphite, posca sur papier

2019

21 × 28 cm

D'après Descartes

D'après Descartes

Posca sur textile

2019

23 × 32 cm

D'après Descartes

D'après Descartes

Graphite, posca sur papier

2019

21 × 27 cm

D'après Descartes

D'après Descartes

Posca sur textile

2019

23 × 32 cm

D'après Descartes

D'après Descartes

Graphite, posca sur papier

2019

23 × 32 cm